Exemple d’externalisation avec Dina et Benoit

Par Dina Scherrer.

J’ai toujours pensé qu’être accompagnant narratif c’était s’intéresser au héros qui se retrouve en face de nous à un certain moment de sa vie et savoir orienter notre curiosité de telle sorte qu’il nous raconte de quoi il a déjà triomphé, quels sont ses supers pouvoirs. Lui renvoyer en fait la richesse de son savoir et ce, même quand il vit des moments difficiles.

J’ai été amenée récemment à modéliser une conversation d’externalisation du problème avec un groupe qui se forme avec nous aux Pratiques Narratives. J’ai demandé un volontaire. Il y a eu un petit silence et Benoit s’est proposé. Ce n’est pas un exercice toujours aisé pour la personne qui doit se raconter sur l’une de ses histoires de problème devant ses pairs. Pas aisé non plus pour moi car c’est le moment où je me mets une petite pression à devoir incarner concrètement ce que j’enseigne.

J’ai souvent vécu cette situation mais en général elle n’est pas filmée. Là comme c’était en visio, mon collègue Alexandre Mougne, qui co-animait avec moi, a proposé à Benoit d’enregistrer notre conversation afin qu’il puisse vivre l’expérience pleinement et regarder tranquillement la conversation plus tard s’il le souhaitait.

Benoit a accepté et m’a raconté son histoire de problème, une histoire qu’il a nommé "timidité : une récurrence" qui vient le visiter depuis l’enfance, qui l’isole et le freine dans pratiquement tout ce qu’il entreprend. Cela pourrait paraître difficile de voir le héros face à une personne qui se débat dans une histoire problème depuis des années. Mais, ce qui est formidable avec les Pratiques Narratives et notamment avec la conversation d’externalisation, c’est que c’est une invitation à parler de ses histoires de problèmes tout en restant digne. Car c’est une conversation qui met en lumière que la personne n’est pas le problème, qu’elle est experte de sa vie, qu’elle est la mieux placée pour savoir ce qui lui convient ou pas et pourquoi. Un protocole que Michael White a nommé la "carte de Déclaration de position N° 1" car, outre de redonner le savoir à la personne, elle lui permet de poser un regard critique sur ce qu’elle vit et de décider de ce qui est bien ou pas pour elle afin qu’elle redevienne auteur de sa vie.

C’est en revisionnant cette vidéo que j’ai pris la mesure de la puissance de cette conversation que je connais pourtant bien. J’ai réentendu Benoit me raconter avec beaucoup d’authenticité, de détails, d’humour, cette histoire de problème qui avait usurpé son identité en lui faisant croire qu’il était un froussard, incapable de se créer des relations et d’avoir des conversations profondes avec les gens. Rapidement, j’ai pu voir Benoit récupérer les droits sur son histoire préférée, celle qui parle d’un Benoit plutôt aventurier, immensément curieux, qui aime avoir des discussions profondes avec les gens même s’il affectionne aussi les moments de solitude.

Benoit m’a autorisé à poster notre conversation sur notre Wiki Pratiques Narratives pour aider celles et ceux qui le souhaitent à mieux appréhender ce concept. En acceptant de faire cet exercice avec moi devant ses pairs, en autorisant de rendre publique notre conversation, Benoit fait un joli pied de nez à son histoire de timidité.

Depuis que cette conversation a été rendue visible sur le Wiki, Fabrice et Laetitia ont souhaité documenter pour Benoit cette conversation :

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